Mariec Navel

« La matière est l’inconscient de la forme » Gaston Bachelard

Née à Lyon, je vis et travaille dans la région Rhône-Alpes.

Peintre autodidacte, j’ai fréquenté divers ateliers à Lyon et Grenoble durant une vingtaine d’années ainsi que les cours du soir des Beaux Arts de Grenoble, peinture, gravure et modèles vivants. J’ai toujours cherché en tout premier lieu la matière où venait s’accrocher le motif. La réalité nue en peinture n’existe pas : tout passe par le prisme des émotions, de notre environnement, de nos conditionnements culturels, de nos expérimentations .

C’est lors d’une séance d‘aikido que s’est révélée l’évidence du mouvement. Sur le tatami le mouvement du corps tout entier absorbe dans une grande amplitude la force de l’autre pour la faire sienne et créer alors un geste fluide presque infini. J’ai cherché alors ma voie en dehors du figuratif. J’ai donc désappris ce que je savais faire pour pouvoir créer de nouveaux gestes et de nouveaux outils et cherché de nouveaux enseignements .

C’est ainsi que j’ai pratiqué avec Alain Bonnefoit le Sumié , une technique japonaise zen qui privilégie la sobriété et la spontanéité dans un geste fluide d’un seul élan, sans reprise. Pour être vivante, l’expression du réel est réduite à sa forme pure, essentielle.

J’ai découvert réellement l’abstraction lors de stages dans les années 2010 avec Peter Casagrande, un des plus grands peintres expressionnistes allemands, qui m’a ouvert un espace illimité à explorer avec des gestes all over, des écoulements et des expansions sous-tendus par les strates sous-jacentes.

Je cherchais aussi à capter le mystère de la lumière qui sourd des profondeurs du tableau et les différents états de l’huile de l’extrème fluidité jusqu à sa rugosité en matière épaisse. Giancarlo Bargoni, maître de l’abstraction lyrique en Italie a bien voulu m’enseigner la chair de la peinture depuis 7 ans lors de ses master classes .

C’est à travers l’abstraction que j’ai découvert ma liberté.

Sans idée préconçue je cherche les lignes de forces qui puissent révéler l’existant, le souffle comme la matière, la poésie comme le mystère. Mes gestes, mon énergie, mes outils font peu à peu émerger des tempêtes incandescentes de matières, des plages inondées de silence animé, des équilibres à la limite du déséquilibre. C’est sur cette note ténue, fascinante, que se joue le mystère du tableau et cette fragilité me bouleverse toujours.

C’est cette aventure vivifiante et exigeante qui fait sens au plus profond de moi et je n’aurai de cesse de la vivre intensément.

« La matière est l’inconscient de la forme » Gaston Bachelard